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histoire du vizir noureddine…
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turban sur la chaise, son caleçon de nuit dans le lit en désordre, ses culottes et son manteau sur le divan, avec ; au-dessous d’eux, la bourse contenant les mille dinars et l’étiquette du Juif, et il ne manqua de recoudre le pli de toile cirée entre le bonnet et la toile du turban.

Puis il dit à sa fille de s’habiller de la même façon que la première nuit, d’entrer dans la chambre nuptiale et de se préparer à recevoir son cousin et époux Hassan Badreddine, et, quand il serait entré, de lui dire : « Oh ! comme tu as tardé au cabinet d’aisances ! Par Allah ! si tu es indisposé, pourquoi ne le dis-tu pas ? Ne suis-je pas ta chose et ton esclave ? » Il lui recommanda aussi, quoique Sett El-Hosn n’eût guère besoin de cette recommandation, d’être fort gentille pour son cousin et de lui faire passer la nuit le plus agréablement possible, sans oublier la causerie et les beaux vers des poètes.

Puis le vizir marqua la date de ce jour heureux. Et il se dirigea du côté de la chambre où se trouvait la caisse où logeait Hassan ligoté. Il l’en fit extraire pendant son sommeil, délia ses jambes, qui étaient attachées, le déshabilla et lui mit seulement une chemise fine et un bonnet sur la tête, tout comme la nuit des noces. Cela fait, le vizir s’esquiva promptement, en ouvrant les portes qui conduisaient à la chambre nuptiale, et laissa Hassan se réveiller tout seul.

Et Hassan se réveilla bientôt et, tout ahuri de se trouver ainsi presque nu dans ce corridor merveilleusement éclairé et qui ne lui semblait pas inconnu, se dit en lui-même : « Voyons, mon garçon ! es-tu