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les mille nuits et une nuit

Ici le vizir s’arrêta dans son récit et dit à sa fille Schahrazade : « Il est possible que le Roi fasse de toi comme a fait le commerçant de son épouse ! » Elle lui dit : « Et que fit-il ? » Le vizir continua :


« Le commerçant entra dans la chambre réservée de sa femme, après avoir coupé à son intention les tiges de mûrier et les avoir cachées, et il lui dit en l’appelant : « Viens dans la chambre réservée pour que je te dise mon secret et que personne ne puisse me voir ; et puis je mourrai ! » Alors elle entra avec lui, et il ferma la porte de la chambre réservée sur eux deux, et il lui tomba dessus à coups redoublés jusqu’à la faire s’évanouir. Alors elle lui dit : « Je me repens ! je me repens ! » Puis elle se mit à embrasser les deux mains et les deux pieds de son mari, et elle se repentit vraiment. Et alors, elle sortit avec lui. Aussi toute l’assistance se réjouit, et se réjouirent aussi tous les parents. Et tout le monde fut dans l’état le plus heureux et le plus fortuné jusqu’à la mort. »


Il dit. Et lorsque Schahrazade, la fille du vizir, eut entendu ce récit de son père, elle dit : « Ô père, je veux tout de même que tu fasses ce que je te demande ! » Alors le vizir, sans plus insister, fit préparer le trousseau de sa fille Schahrazade, puis monta prévenir le roi Schahriar.

Pendant ce temps, Schahrazade fit des recommandations à sa jeune sœur et lui dit : « Lorsque je serai près du Roi, je t’enverrai mander ; et lorsque tu seras venue et que tu auras vu le Roi terminer sa chose avec moi, tu me diras : « Ô ma sœur, raconte-moi des contes merveilleux qui nous fassent passer la soirée ! » Alors, moi, je te ra-