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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/216

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les mille nuits et une nuit

personne n’en saura rien. Et confie ton sort à la volonté d’Allah. Et rien n’arrivera que ce qui doit arriver. » Alors le vizir fut calmé par ces paroles, et la paix entra en lui pour ce qui était des conséquences futures ; mais il resta fort en colère contre son fils Ali-Nour

Mais, pour ce qui est du jeune Ali-Nour, il était sorti en hâte de la chambre de Douce-Amie, aux cris qu’avaient poussés les deux petites esclaves. Et il resta toute la journée à rôder par ci et par là, et ne rentra au palais qu’avec la nuit, et se hâta de se faufiler auprès de sa mère, dans l’appartement des femmes, pour éviter la colère du vizir. Et sa mère, malgré tout ce qui était arrivé, finit par l’embrasser et lui pardonna ; mais elle le cacha soigneusement, aidée en cela un peu par toutes ses femmes qui, secrètement, jalousaient Douce-Amie d’avoir eu dans ses bras ce cerf incomparable. Et, d’ailleurs, toutes étaient d’accord pour lui dire de se tenir bien en garde contre la colère du vizir. Ainsi Ali-Nour fût obligé, pendant encore un mois entier, de se faire ouvrir de nuit, par les femmes, la porte de l’appartement de sa mère, où il se faufilait sans bruit, et où, avec la connivence de sa mère, Douce-Amie venait le retrouver secrètement.

Un jour enfin, la mère d’Ali-Nour, voyant le vizir moins préoccupé que d’habitude, lui dit : « Jusques à quand cette colère persistante contre notre fils Ali-Nour ? Ô mon maître, nous avons, il est vrai, perdu l’esclave, mais veux-tu aussi que nous perdions notre fils ? Car je sens bien que, si cet état de choses continue, notre fils Ali-Nour fuira pour tou-