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les mille nuits et une nuit

et de courir au rivage où ils se frottèrent les pieds avec le suc de la plante, pour aussitôt poursuivre leur voyage maritime.

Ils voyagèrent de la sorte sur la Deuxième Mer pendant des jours et des nuits jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés au pied d’une chaîne de montagnes au milieu desquelles s’ouvrait une vallée merveilleuse où tous les cailloux et tous les rochers étaient en pierre d’aimant, mais où il n’y avait pas trace de fauves ou d’autres animaux féroces. Aussi se promenèrent-ils toute la journée, un peu à l’aventure, se nourrissant de poissons séchés, et, vers le soir, ils s’assirent au bord de la mer pour voir se coucher le soleil, quand soudain ils entendirent un miaulement effrayant et, à quelques pas derrière eux, ils virent un tigre qui était tout prêt à bondir sur eux. Ils eurent juste le temps de se frotter les pieds avec le suc de la plante et de s’enfuir, hors de portée, sur la mer.

Or, c’était la Troisième Mer. Et cette nuit-là fut une nuit bien noire, et la mer, sous un vent qui soufflait avec violence, devint très agitée, ce qui rendit la marche extrêmement fatigante surtout pour des voyageurs déjà exténués par le manque de sommeil. Heureusement ils arrivèrent, à l’aube, dans une île où ils commencèrent d’abord par s’étendre pour se reposer. Après quoi ils se levèrent pour parcourir l’île et la trouvèrent couverte d’arbres fruitiers. Mais ces arbres avaient cette particularité merveilleuse que leurs fruits croissaient tout confits sur les branches. Aussi les deux voyageurs se plurent-ils extraordinairement dans cette île, surtout Beloukia qui aimait