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les mille nuits et une nuit

leurs couronnes vertes, fait courir les eaux fugitives, déroule le tapis verdoyant des prairies et, revêtu de son manteau vert dans les soirs, mêle les teintes légères dont se colorent les cieux au crépuscule.

« Et maintenant, ô Beloukia, comme tu m’as écouté avec une grande attention, pour te récompenser je vais te faire emporter d’ici et déposer à l’entrée de ton pays, si toutefois tu le désires ! »

À ces paroles, Beloukia remercia avec effusion le roi Sakhr, chef des genn, de son hospitalité, de ses leçons et de son offre, qu’il accepta avec empressement. Il prit donc congé du roi, de ses vizirs et des autres genn, et monta à califourchon sur les épaules d’un fort solide éfrit qui, en moins d’un clin d’œil, lui fit traverser l’espace et le déposa doucement en pays connu, vers les frontières de son pays.

Comme Beloukia, une fois qu’il eut reconnu la direction à suivre, se disposait à prendre la route de sa capitale, il vit, assis entre deux tombeaux et pleurant avec amertume, un jeune homme d’une beauté ravissante, mais au teint pâle et à l’air bien triste. Il s’approcha de lui, le salua amicalement, et lui dit : « Ô bel adolescent, pourquoi te vois-je assis pleurant entre ces deux tombeaux ? Pourquoi cet air affligé, dis-le moi, pour que j’essaie de te consoler ! » Le jeune homme leva ses regards tristes vers Beloukia et lui dit, les larmes aux yeux : « Ô voyageur, pourquoi t’arrêter dans ta voie ? Laisse mes larmes couler, dans la solitude, sur ces pierres de ma douleur ! » Mais Beloukia lui dit : « Ô frère d’infortune, sache que j’ai un cœur compatissant prêt à t’écouter. Tu peux donc sans crainte me révéler la cause de ta