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histoire d’yamlika… (le bel adolescent)
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vis personne dans les rues. Alors je me dirigeai vers la première maison que je rencontrai sur mon chemin, j’en ouvris la porte et y pénétrai. Je me trouvai alors dans une salle où étaient assis en cercle un grand nombre de personnages à l’aspect vénérable. Alors, encouragé par leur mine, je m’approchai d’eux respectueusement et je leur dis, après le salut : « Je suis Jânschah, fils du roi Tigmos, maître de Kaboul et chef des Bani-Schalân. Je vous prie, ô mes maîtres, de me dire à quelle distance je suis de mon pays, et quel chemin il me faut prendre pour y arriver. De plus, j’ai bien faim ! » Alors tous ceux qui étaient assis là me regardèrent sans me répondre, et celui qui paraissait être leur cheikh me dit, par signes seulement, sans prononcer une parole : « Mange et bois, mais ne parle pas ! » Et il me montra un plateau de mets étonnants que je n’avais jamais vus ailleurs, et dont la base, à en juger par l’odeur, était de l’huile. Alors moi je mangeai, je bus, et je gardai le silence.

Lorsque j’eus fini, le cheikh des Juifs s’approcha de moi et me demanda, par signes également : « Qui ? d’où ? où ? » Alors moi je lui demandai par signes si je pouvais répondre, et, sur son signe affirmatif suivi d’un autre qui voulait dire : « Ne prononce que trois mots ! » Je demandai : « Caravane Kaboul quand ? » Il me répondit : « Je ne sais pas ! » toujours sans prononcer une parole, et il me fit signe de sortir, puisque j’avais terminé mon repas.

Alors moi je le saluai, ainsi que tous ceux qui