qu’elles jetèrent sur leur nudité, et s’envolèrent sur l’arbre le plus haut de ceux qui ombrageaient le bassin, et là se mirent à rire en me regardant.
Alors je m’approchai de l’arbre, je levai les yeux et leur dis : « Ô souveraines, je vous en prie, dites-moi qui vous êtes ! Moi, je suis Jânschah, fils du roi Tigmos, souverain de Kaboul et chef des Bani-Schalân ! » Alors la plus jeune des trois, celle justement dont les charmes m’avaient impressionné le plus, me dit : « Nous sommes les filles du roi Nassr qui habite dans le palais des diamants. Nous venons ici faire une promenade et nous amuser seulement. » Je dis : « Dans ce cas, ô ma maîtresse, aie compassion de moi, et descends compléter le jeu avec moi ! » Elle me dit : « Et depuis quand les jeunes filles peuvent-elles jouer avec les jeunes gens, ô Jânschah ! En tout cas, si tu tiens absolument à mieux me connaître, tu n’as qu’à me suivre au palais de mon père ! » Et, ayant dit ces paroles, elle me lança un regard qui me pénétra le foie, et elle s’envola avec ses deux sœurs pour disparaître à mes yeux.
À cette vue, moi, à la limite du désespoir, je poussai un grand cri et tombai évanoui sous l’arbre.
Je ne sais combien de temps je restai étendu de la sorte ; mais, lorsque je revins à moi, le vieillard, lieutenant des oiseaux, était à mes côtés et m’aspergeait le visage avec de l’eau de fleurs. Lorsqu’il me vit ouvrir les yeux, il me dit : « Tu vois, mon enfant, ce qu’il t’en coûte de me désobéir ! Ne t’avais-je pas défendu d’ouvrir la porte de ce pavillon ? » Moi, pour toute réponse, je ne pus qu’éclater en sanglots, puis j’improvisai ces vers :