Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire d’yamlika… (le bel adolescent)
137

alors, sûr de les tenir cette fois, je me mis à rire en reculant du bord et en brandissant le manteau de plumes d’un air de victoire.

À cette vue, la jeune fille qui m’avait parlé la première fois, et dont le nom était Schamsa, me dit : « Comment oses-tu, ô jeune homme, t’emparer de ce qui ne t’appartient pas ? » Je répondis : « Ô ma colombe, sors du bassin et viens causer avec moi ! » Elle dit : « Je veux bien causer avec toi, ô bel adolescent, mais je suis toute nue et je ne puis sortie ainsi du bassin. Ronds-moi donc mon manteau et je te promets de sortir de l’eau pour m’entretenir avec toi, et même je te laisserai me caresser et m’embrasser tant que tu voudras ! » Je dis : « Ô lumière de mon œil, ô ma maîtresse, ô souveraine de beauté, ô fruit de mon foie, si je te rends ton manteau c’est la mort que je me donne de ma propre main. Je ne puis donc le faire, en tout cas pas avant que n’arrive mon ami le cheikh lieutenant des oiseaux ! » Elle me dit : « Alors du moment que tu n’as pris que mon manteau, éloigne-toi un peu et tourne la tête de l’autre côté pour me laisser sortir du bassin et donner le temps à mes sœurs de se couvrir ; et alors elles me prêteront quelques-unes de leurs plumes pour cacher le plus essentiel ! » Moi je dis : « Cela, je puis le faire ! » Et je m’éloignai et me mis derrière le trône de rubis.

Alors les deux sœurs aînées sortirent les premières, et se vêtirent vivement de leurs manteaux ; puis elles enlevèrent quelques-unes des plumes les plus duvetées et en firent une sorte de petit tablier ; ensuite elles aidèrent leur sœur cadette à sortir à