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les mille nuits et une nuit

à Hassib une tasse de sorbet parfumé à l’ambre et lui dit : « Que le bain te soit léger et béni ! Que cette boisson te rafraîchisse comme tu m’as rafraîchi ! » Mais Hassib, que tout cela terrifiait de plus en plus, ne savait s’il devait refuser ou accepter cette dernière invitation, et allait répondre, quand soudain le hammam fut envahi par les gardes du roi qui se précipitèrent sur lui, l’enlevèrent tel qu’il était, dans son accoutrement de bain, et, malgré ses protestations et sa résistance, le portèrent au palais du roi et le remirent entre les mains du grand-vizir qui les attendait à la porte dans la plus grande impatience.

Le grand-vizir, à la vue de Hassib, fut dans une joie extrême, le reçut avec les marques les plus notoires du respect, et le pria de l’accompagner auprès du roi. Et Hassib, résolu maintenant à laisser courir sa destinée, suivit le grand-vizir qui l’introduisit auprès du roi dans une salle où se trouvaient, rangés suivant leur rang hiérarchique, deux mille gouverneurs de provinces, deux mille officiers principaux, et deux mille bourreaux porte-glaives qui n’attendaient qu’un signe pour faire voler les têtes. Quant au roi lui-même, il était couché sur un grand lit d’or et semblait dormir, la tête et le visage recouverts d’un foulard de soie.

À la vue de tout cela, le terrifié Hassib se sentit mourir et tomba au pied du lit en protestant publiquement de son innocence. Mais le grand-vizir se hâta de Le relever avec tous les signes du respect, et lui dit : « Ô fils de Danial, nous attendons de toi de sauver notre roi Karazdân ! Une lèpre, sans re-