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L’ÉTRANGE KHALIFAT


On raconte qu’une nuit le khalifat Haroun Al-Rachid, pris d’insomnie, fit appeler son vizir Giafar Al-Barmaki et lui dit : « Ma poitrine est rétrécie, et je désire aller me promener par les rues de Baghdad et pousser jusqu’au Tigre, pour essayer de me distraire cette nuit ! » Giafar répondit par l’ouïe et l’obéissance, et se déguisa aussitôt en marchand, après avoir aidé le khalifat à se déguiser également et appelé le porte-glaive Massrour pour qu’il les accompagnât, déguisé aussi comme eux. Puis ils sortirent du palais par la porte secrète, et se mirent à parcourir lentement les rues, silencieuses à cette heure, de Baghdad, et parvinrent de la sorte au bord du fleuve. Ils virent dans une barque amarrée un vieux batelier qui se disposait à s’enrouler dans sa couverture pour dormir. Ils s’approchèrent de lui et, après les salams, lui dirent : « Ô cheikh, nous souhaitons de ton obligeance que tu veuilles bien nous faire descendre dans ta barque pour nous promener un peu sur le fleuve, maintenant que l’heure est fraîche et la brise délicieuse ! Et voici un dinar pour