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l’étrange khalifat
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dans ma maison ! » Et, ayant prononcé ces paroles, elle se pencha sur moi nonchalamment et m’attira à elle en me coulant des yeux langoureux. Moi alors, extrêmement ému, je lui pris la tête dans mes mains et l’embrassai à plusieurs reprises, tandis qu’elle me rendait mes baisers sans avarice et me pressait contre ses seins, que je sentais durs à s’incruster dans ma poitrine. Alors je compris que je ne devais pas reculer, et je voulus mettre à exécution ce qu’il était de ma vertu d’exécuter. Mais au moment où l’enfant, complètement réveillé, réclamait hardiment sa mère, celle-ci me dit : « Que veux-tu donc faire avec cela, ô mon maître ? » Je répondis : « Le cacher, pour m’en débarrasser ! » Elle me dit : « Certes ! tu ne pourras guère le cacher chez moi, car la maison n’est pas ouverte. Il faudrait pour cela d’abord qu’on y ménageât une brèche ! Or, sache bien que je suis une vierge intacte de toute perforation ! De plus, si tu crois que tu as affaire à quelque femme inconnue ou à quelque chiffon d’entre les chiffons de Baghdad, hâte-toi de te détromper ! Apprends, en effet, ô Môhammad-Ali, que, telle que tu me vois, je suis la sœur du grand-vizir Giafar ; je suis la fille de Yahia ben-Khaled Al-Barmaki. »

En entendant ces paroles, ô mes maîtres, moi soudain je sentis l’enfant retomber dans un profond sommeil, et je compris combien il avait été malséant de ma part d’écouter ses cris et de vouloir les apaiser en demandant l’aide de l’adolescente. Pourtant je lui dis : « Par Allah ! ô ma maîtresse, la faute n’est pas à moi si j’ai voulu faire profiter l’enfant de l’hospitalité accordée au père. C’est toi même qui avais bien