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les mille nuits et une nuit

voulu être généreuse à mon égard, en me faisant voir la route du gîte à travers les portes ouvertes de ton hospitalité ! » Elle me répondit : « Tu n’as point de reproches à te faire, au contraire ! Et tu parviendras à tes fins, si tu veux, mais par les seules routes légales. Avec la volonté d’Allah tout peut arriver ! Je suis, en effet, la maîtresse de mes actes, et nul n’a le droit de les contrôler ! Veux-tu donc de moi comme épouse légitime ? » Je répondis : « Certainement ! » Aussitôt elle fit venir le kâdi et les témoins, et leur dit : « Voici Môhammad-Ali fils d’Ali le défunt syndic. Il me demande en mariage et me reconnaît comme dot ce collier qu’il m’a donné. Moi j’accepte et je consens ! » Aussitôt on écrivit notre contrat de mariage, et, cela fait, on nous laissa seuls. Les esclaves apportèrent les boissons, les coupes et les luths, et nous commençâmes tous deux à boire, jusqu’à ce que notre esprit eût resplendi ! Elle prit alors le luth et chanta en s’accompagnant :

« Par la souplesse de ta taille, par ta démarche fière, je jure que je souffre de ton éloignement.

Aie pitié d’un cœur brûlé du feu de ton amour !

La coupe d’or m’exalte où je trouve, en buvant à sa liqueur, ton souvenir vivace.

De même, au milieu des roses éclatantes, la fleur de myrte me fait mieux apprécier les vives couleurs ! »

Lorsqu’elle eut fini de chanter, je pris le luth à mon tour, et, après avoir montré que je savais en tirer le meilleur parti, je dis ces vers du poète, en m’accompagnant en sourdine :