Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire d’ibn al-mansour
55

juste à ce moment entra l’émir ; il nous jeta à toutes deux un regard singulier, et ressortit brusquement, pour m’envoyer quelques instants après un billet sur lequel ces mots étaient tracés : « L’amour ne peut rendre heureux que lorsqu’il est sans partage ! » Et depuis ce jour-là je ne l’ai plus revu ; et il n’a jamais voulu m’envoyer de ses nouvelles, ya Ibn Al-Mansour ! »

Alors moi je lui demandai : « Mais vous étiez-vous unis par un contrat de mariage ? » Elle répondit : « Et pourquoi faire, un contrat ? Nous n’étions unis que par notre volonté, sans l’intervention du kâdi et des témoins ! » Je dis : « Alors, ô ma maîtresse, si tu veux me le permettre, moi je veux être le trait d’union entre vous deux, simplement pour le plaisir de savoir de nouveau ensemble deux êtres de choix ! » Elle s’écria : « Béni soit Allah qui nous amis sur ta route, ô cheikh au visage blanc ! Ne crois pas que tu vas obliger une personne oublieuse qui ignore le prix des bienfaits ! Je vais donc sur l’heure écrire de ma main à l’émir Jobaïr une lettre que tu lui remettras en tâchant de lui faire entendre raison. » Et elle dit à sa favorite : « Ma gentille, apporte-moi l’encrier et une feuille de papier ! » Elle les lui apporta, et Sett Badr écrivit :

« Mon bien-aimé, pourquoi cette durée dans la séparation ? Ne sais-tu que la douleur bannit le sommeil loin de mes yeux, et que ton image, lorsqu’en songe elle m’apparaît, n’est plus reconnaissable, tant elle est altérée ?

« Dis ! je t’en conjure, pourquoi avoir laissé ta porte ouverte à mes calomniateurs ? Lève-toi, secoue la poussière des mauvaises pensées, et reviens--