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histoire d’ibn al-mansour
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MAIS LORSQUE FUT
LA TROIS CENT CINQUANTE-DEUXIÈME NUIT

Elle dit :

« … Tu as même le droit d’en parler avec plus d’amertume. Mais le pardon des torts est l’apanage des âmes généreuses. Et puis que ferais-tu dans ce palais, seule avec ta douleur, puisqu’elle est morte, la gentille amie qui te consolait par sa douceur ? » À ces paroles, je vis ses yeux se remplir de larmes, et elle-même rester songeuse pendant une heure de temps. Après quoi, elle me dit : « Ibn Al-Mansour, je crois que tu as dit vrai. Je vais lui répondre ! »

Alors, ô émir des Croyants, elle prit du papier et écrivit une lettre dont jamais les meilleurs scribes de ton palais ne sauraient égaler l’éloquence émue. Je ne me souviens pas des termes exacts de cette lettre ; mais, en substance, il y était dit :

« Malgré le désir, ô mon amant, jamais je n’ai compris le motif de notre séparation. Il est possible, à bien réfléchir, que j’aie été fautive dans le passé. Mais le passé n’est plus, et toute jalousie doit mourir avec la victime de la Séparatrice.

« Laisse-moi maintenant te mettre sous mes paupières pour reposer mes yeux mieux que ne le ferait le sommeil.