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les mille nuits et une nuit

« Alors ensemble nous boirons à nouveau les gorgées désaltérantes ; et, si nous nous grisons, nul ne pourra nous blâmer. »

Puis elle cacheta cette lettre et me la remit ; et moi je lui dis : « Par Allah ! voilà de quoi apaiser la soif de l’altéré et guérir les maux de l’infirme ! » Et je me disposai à prendre congé pour aller porter la bonne nouvelle à celui qui l’attendait, quand elle m’arrêta encore pour me dire : « Ya Ibn Al-Mansour, tu peux également ajouter que cette nuit sera sur nous deux une nuit de bénédiction ! » Et moi, plein de joie, je courus chez l’émir Jobaïr, que je trouvai les yeux rivés à la porte par où je devais entrer.

Lorsqu’il eut parcouru la lettre et en eut compris la portée, il poussa un grand cri de joie et tomba évanoui. Il ne tarda pas à revenir à lui, et me demanda, encore bien anxieux : « Dis-moi, est-ce que c’est elle-même qui a rédigé cette lettre ? Et l’a-t-elle écrite avec sa main ? » Je lui répondis : « Par Allah ! je ne savais pas jusqu’ici que l’on pût quelquefois écrire avec le pied ! »

Or, ô émir des Croyants, moi j’avais à peine prononcé ces mots que nous entendîmes un cliquetis de bracelets derrière la porte, et un bruit de grelots et de soieries, pour, un instant après, voir apparaître l’adolescente en personne.

Comme la joie ne peut se décrire dignement par la parole, je n’essaierai point une tentative vaine. Je te dirai seulement, ô émir des Croyants, que les deux amants coururent l’un vers l’autre et s’embras-