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cartulaire de l’abbaye cistercienne de pontigny.

III. Élaboration du cartulaire.

Les deux parties du cartulaire.

Comme nous l’avons vu, le cartulaire est formé de deux parties qui se distinguent aussi bien à première vue que par leur contenu. L’écriture vient encore nous le confirmer en effet, on voit deux types bien distincts.

La première écriture que l’on trouve jusqu’au fol. 20, est large et ronde. Elle date de la fin du xiie siècle. Or, comme l’acte le plus récent rédigé dans cette écriture est de 1190[1], on peut placer la rédaction de la première partie du cartulaire à l’extrême fin du xiie siècle. Il est à noter que les premiers actes transcrits s’étalent plus largement sur la page et sont tracés en lettres plus grosses que les suivants, mais la forme même des caractères graphiques nous montre qu’ils ont été copiés par une seule main[2]. Cependant, un groupe de cinq actes[3] semble avoir été rédigé d’une autre main, sans que cette transcription puisse être considérée comme postérieure, car ces pièces sont insérées au milieu des autres qui sont, elles, d’une même main.

À partir du fol. 20 l’écriture est une gothique légèrement brisée. Les actes ont tous été transcrits de la même main, sauf quelques additions dont nous allons parler. Or comme les derniers actes écrits par le copiste de cette seconde partie du cartulaire datent des années 1264-1266[4] et que les additions peuvent être datées de la fin du siècle, on peut penser que ce second volet du recueil des titres de Pontigny a été rédigé vers 1270 et sans doute quelques années avant cette date.

Au total, l’écriture nous apprend que le cartulaire a été fait en deux temps, à près de trois quarts de siècle d’écart. Chaque partie n’a eu, à une exception près, qu’un seul rédacteur.


Les additions.

À côté du texte lui-même, nous trouvons quelques additions postérieures. Certaines chartes datées entre 1210 et 1266 ont été ajoutées à la fin du xiiie siècle, entre 1270 et 1290, comme nous le prouve l’écriture[5]. Elles l’ont été, pour la plupart, en bas de page[6] ou bien dans une colonne, lorsqu’une place vide subsistait[7]. Très souvent ces actes sont des confirmations de pièces qui figuraient déjà dans le corps du manuscrit[8].

Quelques autres additions, de mains différentes, mais toutes de la fin du xiiie ou du début du xive siècle, ont été faites c’est le cas, en particulier, de deux des trois actes en français[9].

  1. N° 28.
  2. On retrouve les mêmes e, q, a, n, surtout pour ce qui est des majuscules.
  3. Du n° 117 au n° 122 : en fait c’est plutôt une impression qu’une certitude ; l’écriture semble légèrement plus brisée et plus précieuse.
  4. nos 248 (1266), 236 (1264), 247 (1264), 370 (1264).
  5. Voir les photographies.
  6. nos 162, 166, 203, 219, 248, 250, 253, 303.
  7. Ex. : n° 239.
  8. Ex. : n° 248.
  9. nos 240 (1278), 271 (1294).