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mit de revenir en France et, en 1879, il s’établit à Paris, où ses violences contre le clergé lui valurent une série de poursuites et de condamnations, dont la plus lourde fut une amende de soixante-cinq mille francs pour un ouvrage scandaleux intitulé : Les Amours secrètes de Pie IX. Il fonda une librairie anti-cléricale ; sa plume infatigable produisit une succession de livres irréligieux, dont beaucoup eurent un débit considérable. Puis il fit paraître un journal quotidien, l’Anti-Clérical, où il préconisait la fondation d’une ligue de libres-penseurs, association qu’il organisa en effet et qui compta bientôt dix-sept mille membres. Peu soucieux de la vérité, doué d’une imagination vive et d’une étonnante audace de parole, Léo Taxil acquit bientôt la réputation d’un des plus dangereux ennemis de la foi.

L’accueil fait dans tout le monde catholique à l’encyclique Humanum genus lui suggéra l’idée d’exploiter la crédulité, terrain beaucoup plus fertile que l’incrédulité et surtout moins dangereux à cultiver. Un matin, le 24 avril 1885, la lumière inonda soudain son âme ténébreuse. Léo Taxil devint le type accompli du pécheur converti et repentant. Il ferma sa librairie anti-cléricale et détruisit ses écrits sacrilèges. Sa conversion apparut comme le triomphe de la grâce divine ; le nonce du Pape à Paris, Mgr di Rendi, daigna absoudre le pénitent des nombreuses excommunications qu’il avait encourues. L’ardeur du néophyte en faveur de la foi était plus vive encore que son hostilité de la veille ; or, l’Encyclique désignait la Franc-Maçonnerie comme but à ses pieuses attaques. Il était entré dans l’Ordre en 1881, mais en était sorti bientôt après, sans avoir dépassé le grade d’apprenti. Bien entendu, son ignorance des secrets maçonniques ne le gêna nullement dans la révélation de toutes les horreurs cachées de la secte. En 1885 et 1886, il publia une série de brochures comprises sous le titre général de Révélations complètes sur la Franc-Maçonnerie. Cette publication eut un succès énorme. L’idée dominante était de démontrer que la Franc-Maçonnerie était un culte satanique, fondé sur l’ancien Manichéisme et sur le Catharisme du moyen-âge. Comme le