Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/13

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vent de vrais rendez-vous. La femme ne dédaigne pas l’homme qui passe, quand il a des bras solides et un peu d’audace. Ah ! les femmes, j’en ai eu ma bonne part, et des plus belles et des plus jeunes. Je les cueille sur ma route comme des fleurs. C’est si bon, si doux à respirer, ces fleurs-là !

Il réfléchit et prononça :

— Peut-être n’y a-t-il rien de meilleur dans la nature… oui, peut-être… ainsi…

Et tout bas, à l’oreille, il me dit :

— Vous allez à Josselin, n’est-ce pas, monsieur ? Eh bien, descendez à l’auberge Beaumanoir, demandez l’hôtelière, une belle créature comme vous verrez, et qui passe dans le pays pour farouche aux galants, et donnez-lui des nouvelles de Jean Martin, le vagabond qu’elle est venue cette nuit retrouver dans le chemin creux…

Le soir j’étais à Josselin. Je vis l’hôtelière. C’est une belle créature, en effet, avenante et désirable. Je lui dis :

— J’ai rencontré Jean Martin…

Elle rougit, puis me regarda droit dans les yeux.

— Eh bien ! pourquoi pas ? il en vaut d’autres.

Et elle ajouta en souriant :

— Si vous le rencontrez encore, dites-lui donc de repasser par ici, l’an prochain.

Maurice LEBLANC