Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/198

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Erreurs puériles. Il y a dans notre beau pays des milliers et des milliers de couples Fumeron, d’excellents bourgeois, lourds, gauches, inélégants, souvent mal assortis en apparence, avec des femmes plus raffinées et plus délicates. Mais en réalité tous ces gens sont de braves gens, laborieux, obstinés, et qui en valent beaucoup d’autres, et ces couples sont des ménages unis et sérieux auprès de qui l’écornifleur n’a rien à espérer. Les Fumeron, c’est le fond solide de la race, la réserve de travail, de force, d’économie et de patience qui nous assure l’avenir.

Si nous trouvons en outre dans ces braves gens ce que j’ai trouvé chez mes deux amis, de la sensibilité et du cœur, empressons-nous de les aimer.

Et si, par dessus le marché, il leur arrive d’avoir des idées de sport et d’organiser des excursions de 60 kilomètres, oh ! alors, inclinons-nous respectueusement. Le jour où les grand’routes de France, seront sillonnées par tous les boutiquiers de toutes les petites villes, croyez que la vie nationale battra plus violemment. Car c’est cela qui manque au fond de nos provinces : le mouvement, le besoin de se déplacer, le goût de ne point rester où l’on est, le désir de l’action, la vie…

Et voilà les sages et profondes réflexions que je tirai de mon aventure avec M. Fumeron et Madame, né La Couche…

Maurice LEBLANC.