Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/368

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Angesty sauta à terre, tira un cigare de Sa poche, l’alluma et s’assit sur le talus en poussant un soupir de satisfaction.

— Enfin, on va donc rigoler !

— Comment, lui dis-je, vous n’essayez pas…

Il éclata de rire.

— Essayer quoi ? De trouver le motif de notre panne ? Mais est-ce que vous vous imaginez que j’ai la moindre notion sur ces mécaniques-là, ou même que je veuille en avoir ? À quoi bon avoir une panne, si je sais y remédier ? Vous n’avez donc pas remarqué que je n’emmène jamais mon mécanicien ?

— Alors ?

— Attendons.

— Mais il n’arrivera rien.

— Il arrive toujours quelque chose, mon cher. Je vous prédis, moi, qu’avant une demi-heure il arrivera quelque chose d’imprévu, de comique ou de tragique, de drôle ou de navrant. Croyez-en, ma vieille expérience.

Je m’assis à ses côtés, d’assez mauvaise humeur.

Au bout de vingt minutes nous en étions, bien entendu, au même point. D’ailleurs, la campagne était absolument déserte, et ce n’est pas du ciel que le secours espéré pouvait nous tomber.

Enfin, impatienté, je pris un parti. Sans être de première force, j’ai assez voyagé en automobile pour ne pas manquer d’une certaine expérience. Il suffit d’un hasard quelquefois. Je me mis résolument à ouvrage.

Je cherchai, je tâtonnai, je vérifiai les bougies, les trembleurs, je dévissai, je démontai, je me glissai sous la voiture.

Cela dura bien quarante minutes, quarante minutes fort désagréables, je l’avoue, car le soleil me tombait droit sur la nuque.

Mais je fus récompensé de ma peine. Soudain le bruit de la mise en marche crépita joyeusement.

Et presque aussitôt une main s’abattait