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CONTES DU SOLEIL ET DE LA PLUIE

Le Meurtre

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L’accident se produisit à trois lieues du château que j’habite avec ma femme et mes enfants. J’en fus donc aussitôt averti.

L’automobile avait pénétré dans le talus, puis s’était renversée sur le côté. À quelques mètres gisait le jeune comte de Gasser, mort. On l’avait transporté aussitôt à l’auberge voisine,

Sa famille, qui demeurait dans les environs, fut prévenue, et l’on manda le médecin le plus proche.

Tout allait donc se passer le plus naturellement du monde, lorsque ce médecin, non content de signer le certificat, voulut, pour la régularité, indiquer la cause même de la mort. Il examina le cadavre, et, à son grand étonnement, constata, dans la région du cœur, une blessure, un petit trou rond, bien net, qui révélait sans doute possible que le comte de Gasser avait été atteint par une balle.

Et c’est cette balle — le médecin n’eut point de peine à le prouver — qui avait tué le malheureux. Ce n’est qu’après que l’automobile, abandonnée à elle-même, avait été s’échouer contre le talus.

La justice se saisit sans plus tarder de l’affaire. Le crime était évident. On trouva le buisson où le meurtrier s’était blotti pour tirer sur sa victime. On releva sur la terre humide des traces qui se dirigeaient vers ce buisson.

Mais ce qui compliquait les choses, c’est que le comte de Gasser n’avait pas été dévalisé. Le vol n’était donc point le motif du meurtre. Il fallait supposer la vengeance… où bien quoi ?

Dès le début on chercha à reconstituer le parcours effectué par l’automobile en cette étape suprême.