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C’est en 1901 seulement que je revis son nom. L’Auto-Vélo publiait cette note :

« M. Hector Beaugrain, l’excellent sportsman, vient de parcourir les bords de la Loire et une partie de la Bretagne, sur sa nouvelle huit-chevaux. »

Beaugrain en automobile ! il avait donc hérité ?

Six mois après, autre note : « Un de nos meilleurs chauffeurs, M. Hector Beaugrain, vient d’accomplir un véritable exploit. Parti d’Oloron à sept heures du matin malgré les menaces du temps, il passait à Urdos à huit heures, franchissait le Somport dans un pied de neige, déjeunait à Jaca et gagnait Huesca avant la fin du jour, traversant ainsi les Pyrénées et parcourant les 176 kilomètres qui… »

En avril, Hector Beaugrain, sur sa nouvelle seize-chevaux, allait à Nice par Grenoble, de là à Turin par le col de Tende, et rayonnait dans les plaines de Lombardie.

Enfin cet été on annonçait que Hector Beaugrain se préparait à partir sur sa nouvelle vingt-quatre chevaux pour l’Allemagne, l’Autriche et les principautés danubiennes, afin d’atteindre, si possible, Constantinople. Et de fait on reçut des dépêches de Munich, de Vienne, de Budapest, signalant le passage de l’intrépide chauffeur.

C’est le matin du jour où les journaux relataient son arrivée à Bucharest, que j’aperçus l’écriteau « À louer » collé à la porte du très petit rez-de-chaussée qu’il occupe à Neuilly. Et comme précisément un ami m’avait prié de lui chercher un pied-à terre dans ces parages, je sonnai. Ce fut Beaugrain qui m’ouvrit !

— Comment, m’écriai-je, stupéfait, toi ici ! Tu n’as donc pas couché cette nuit à Bucharest ?