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“813”
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Elle se mit à trembler.

— Ainsi… tu n’as pas sauvé Geneviève… ainsi tu vas nous mêler à tes histoires…

Et soudain, dans un accès de révolte, l’agrippant aux épaules :

— Eh bien, non, j’en ai assez, tu entends ? Tu m’as amené cette petite un jour en me disant : « Tiens, je te la confie… ses parents sont morts… prends-la sous ta garde. » Eh bien, elle y est, sous ma garde, et je saurai la défendre contre toi et contre toutes tes manigances.

Debout, bien d’aplomb, ses deux poings crispés, le visage résolu, Mme Ernemont semblait prête à toutes les éventualités.

Posément, sans brusquerie, le prince Sernine détacha l’une après l’autre les deux mains qui l’étreignaient, à son tour empoigna la vieille dame par les épaules, l’assit dans un fauteuil, se baissa vers elle, et, d’un ton très calme, lui dit :

— Zut !

Elle se mit à pleurer, vaincue tout de suite, et, croisant ses mains devant Sernine :

— Je t’en prie, laisse-nous tranquilles. Nous étions si heureuses ! Je croyais que tu nous avais oubliées, et je bénissais le ciel chaque fois qu’un jour s’écoulait. Mais oui… je t’aime bien, cependant. Mais Geneviève… vois-tu, je ne sais pas ce que je ferais pour cette enfant. Elle a pris ta place dans mon cœur.

— Je m’en aperçois, dit-il en riant. Tu m’enverrais au diable avec plaisir. Allons, assez de bêtises ! Je n’ai pas de temps à perdre. Il faut que je parle à Geneviève.