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“813”
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c’est de la cire que tu as le droit de modeler à ta guise, selon les fantaisies de ton imagination ou les conseils de ta raison.

Le jeune homme eut un geste de lassitude.

— Eh ! que voulez-vous que je fasse de ce trésor ? Qu’en ai-je fait jusqu’ici ? Rien.

— Donne-le-moi.

— Qu’en pourrez-vous faire ?

— Tout. Si tu n’es pas un artiste, j’en suis un, moi ! et enthousiaste, inépuisable, indomptable, débordant. Si tu n’as pas le feu sacré, je l’ai, moi ! Où tu as échoué, je réussirai, moi ! Donne-moi ta vie.

— Des mots, des promesses ! s’écria le jeune homme dont le visage s’animait… Des songes creux ! Je sais bien ce que je vaux !… Je connais ma lâcheté, mon découragement, mes efforts qui avortent, toute ma misère. Pour recommencer ma vie, il me faudrait une volonté que je n’ai pas…

— J’ai la mienne…

— Des amis…

— Tu en auras.

— Des ressources…

— Je t’en apporte, et quelles ressources ! Tu n’auras qu’à puiser, comme on puiserait dans un coffre magique.

— Mais qui êtes-vous donc ? s’écria le jeune homme avec égarement.

— Pour les autres, le prince Sernine… Pour toi qu’importe ! Je suis plus que prince, plus que roi, plus qu’empereur.

— Qui êtes-vous ?… qui êtes-vous ?… balbutia Baupré.

— Le Maître… celui qui veut et qui peut…