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“813”

Il est onze heures du soir. M. Lenormand a laissé son automobile à Saint-Cloud, et, suivant le chemin avec précaution, il s’approche.

Une ombre se détache.

— C’est toi, Gourel ?

— Oui, chef.

— Tu as prévenu les frères Doudeville de mon arrivée ?

— Oui, votre chambre est prête, vous pouvez vous coucher et dormir… À moins qu’on n’essaie d’enlever Pierre Leduc cette nuit, ce qui ne m’étonnerait pas, étant donné le manège de l’individu que les Doudeville ont aperçu.

Ils franchirent le jardin, entrèrent doucement, et montèrent au premier étage. Les deux frères, Jean et Jacques Doudeville, étaient là.

— Pas de nouvelles du prince Sernine ? leur demanda-t-il.

— Aucune, chef.

— Pierre Leduc ?

— Il reste étendu toute la journée dans sa chambre du rez-de-chaussée, ou dans le jardin. Il ne monte jamais nous voir.

— Il va mieux ?

— Bien mieux. Le repos le transforme à vue d’œil.

— Il est tout dévoué à Lupin ?

— Au prince Sernine plutôt, car il ne se doute pas que les deux ça ne fait qu’un. Du moins, je le suppose, on ne sait rien avec lui. Il ne parle jamais. Ah ! c’est un drôle de pistolet. Il n’y a qu’une personne qui ait le don de l’animer, de le faire causer, et même rire. C’est une jeune fille de Garches, à laquelle le prince Sernine l’a présenté, Geneviève Erne-