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“813”

— C’était un ami de M. Kesselbach. Il est arrivé d’Autriche, il y a six jours, et il s’est mis à la disposition de Mme Kesselbach.

Les magistrats cependant étaient sortis du jardin ainsi que le baron Altenheim.

Le prince se leva et, tout en se dirigeant vers le pavillon de l’impératrice, il continuait :

— Le baron t’a interrogé ?

— Oui, beaucoup. Mon cas l’intéresse. Il voudrait m’aider à retrouver ma famille, il fait appel à mes souvenirs d’enfance.

— Et que dis-tu ?

— Rien, puisque je ne sais rien. Est-ce que j’ai des souvenirs, moi ? Vous m’avez mis à la place d’un autre, et je ne sais même pas qui est cet autre.

— Moi non plus ! ricana le prince, et voilà justement en quoi consiste la bizarrerie de ton cas.

— Ah ! vous riez… vous riez toujours… Mais moi, je commence à en avoir assez… Je suis mêlé à des tas de choses malpropres sans compter le danger que je cours à jouer un personnage que je ne suis pas.

— Comment… que tu n’es pas ? Tu es le duc pour le moins autant que je suis le prince… Peut-être davantage même… Et puis, si tu ne l’es pas, deviens-le, sapristi ! Geneviève ne peut épouser qu’un duc. Regarde-la… Vaut-elle que tu vendes ton âme pour ses beaux yeux ?

Il ne l’observa même pas, indifférent à ce qu’il pensait. Ils étaient entrés et, au bas des marches, Geneviève apparaissait, gracieuse et souriante.

— Vous voilà revenu ? dit-elle au