Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
“813”
311

et, avec les quelques paroles que lui avait dites Steinweg, il pouvait, à force de divination et de génie, reconstituer ce que contenaient les lettres de l’Empereur, et dresser le plan de bataille qui lui donnerait la victoire. Mais il songeait à Herlock Sholmès qui était là-bas, lui, au centre même du champ de bataille, et qui cherchait, et qui trouverait les lettres, démolissant ainsi l’édifice si patiemment bâti.

Et il songeait à l’Autre, à l’Ennemi implacable, embusqué autour de la prison, caché dans la prison peut-être, et qui devinait ses plans les plus secrets, avant même qu’ils ne fussent éclos dans le mystère de sa pensée.

Le 17 août… le 18 août… le 19… Encore deux jours… Deux siècles, plutôt ! Oh ! les interminables minutes ! Si calme d’ordinaire, si maître de lui, si ingénieux à se divertir, Lupin était fébrile, tour à tour exubérant et déprimé, sans force contre l’ennemi, défiant de tout, morose.

Le 20 août…

Il eût voulu agir et il ne le pouvait pas. Quoi qu’il fît, il lui était impossible d’avancer l’heure du dénouement. Ce dénouement aurait lieu ou n’aurait pas lieu, mais Lupin n’aurait point de certitude avant que la dernière heure du dernier jour se fût écoulée jusqu’à la dernière minute. Seulement alors il saurait l’échec définitif de sa combinaison.

— Échec inévitable, ne cessait-il de répéter, la réussite dépend de circonstances trop subtiles, et ne peut être obtenue que par des