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“813”

Au fond. Lupin n’en savait pas plus qu’à la première minute, et son embarras ne faisait que croître. Pour sortir de prison et pour frapper l’imagination de son visiteur, il avait bluffé, affectant de tout connaître, et il en était encore à chercher par où il commencerait à chercher.

— Ça va mal, se disait-il parfois, ça va on ne peut plus mal. 

Il n’avait d’ailleurs pas sa lucidité habituelle. Une idée l’obsédait, celle de l’inconnu, de l’assassin, du monstre qu’il savait encore attaché à ses pas.

Comment le mystérieux personnage était-il sur ses traces ? Comment avait-il appris sa sortie de prison et sa course vers le Luxembourg et l’Allemagne ? était-ce intuition miraculeuse ? Ou bien le résultat d’informations précises ? Mais alors, à quel prix, par quelles promesses ou par quelles menaces les pouvait-il obtenir ?

Toutes ces questions hantaient l’esprit de Lupin.

Vers quatre heures, cependant, après une nouvelle promenade dans les ruines, au cours de laquelle il avait inutilement examiné les pierres, mesuré l’épaisseur des murailles, scruté la forme et l’apparence des choses, il demanda au comte :

— Il n’est resté aucun serviteur du dernier grand-duc qui ait habité le château ?

— Tous les domestiques de ce temps-là se sont dispersés. Un seul a continué de vivre dans la région.

— Eh bien ?

— Il est mort il y a deux années.