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“813”

Il n’y avait point de lumière dans la chambre, mais, par la fenêtre grande ouverte, pénétrait la clarté de la nuit, et dans l’ombre il apercevait les draps et les rideaux blancs du lit.

Et là quelqu’un se dressait.

Brutalement, sur cette silhouette, il lança le jet de sa lanterne.

— Malreich !

Le visage blême de Malreich, ses yeux sombres, ses pommettes de cadavre, son cou décharné…

Et tout cela était immobile, à cinq pas de lui, et il n’aurait su dire si ce visage inerte, si ce visage de mort exprimait la moindre terreur ou même seulement un peu d’inquiétude.

Lupin fit un pas, et un deuxième, et un troisième.

L’homme ne bougeait point.

Voyait-il ? Comprenait-il ? On eût dit que ses yeux regardaient dans le vide et qu’il se croyait obsédé par une hallucination plutôt que frappé par une image réelle.

Encore un pas…

— Il va se défendre, pensa Lupin, il faut qu’il se défende. 

Et Lupin avança le bras vers lui.

L’homme ne fit pas un geste, il ne recula point, ses paupières ne battirent pas. Le contact eut lieu.

Et ce fut Lupin qui, bouleversé, épouvanté, perdit la tête. Il renversa l’homme, le coucha sur son lit, le roula dans ses draps, le sangla dans ses couvertures, et le tint sous son genou comme une proie… sans que l’homme eût tenté le moindre geste de résistance.