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“813”

présents à la mémoire de tous. C’est un de ces événements sensationnels, que les paysans les plus frustes des bourgades les plus lointaines commentent et racontent entre eux.

Mais ce que je voudrais rappeler, c’est la part énorme que prit Arsène Lupin à la poursuite de l’affaire, et aux incidents de l’instruction.

En fait, l’instruction ce fut lui qui la dirigea. Dès le début, il se substitua aux pouvoirs publics, ordonnant les perquisitions, indiquant les mesures à prendre, prescrivant les questions à poser aux prévenus, ayant réponse à tout…

Qui ne se souvient de l’ahurissement général, chaque matin, quand on lisait dans les journaux ces lettres irrésistibles de logique et d’autorité, ces lettres signées tour à tour :

Arsène Lupin, juge d’instruction.

Arsène Lupin, procureur général.

Arsène Lupin, garde des sceaux.

Arsène Lupin, flic.

Il apportait à la besogne un entrain, une ardeur, une violence même, qui étonnaient de sa part à lui, si plein d’ironie habituellement, et, somme toute, par tempérament, si disposé à une indulgence en quelque sorte professionnelle.

Non, cette fois, il haïssait.

Il haïssait ce Louis de Malreich, bandit sanguinaire, bête immonde, dont il avait toujours eu peur, et qui, même enfermé, même vaincu, lui donnait encore cette impression d’effroi et de répugnance que l’on éprouve à la vue d’un reptile.

En outre, Malreich n’avait-il pas eu l’audace de persécuter Dolorès ?