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— Il a joué, il a perdu, se disait Lupin, sa tête sautera. 

C’était cela qu’il voulait, pour son affreux ennemi : l’échafaud, le matin blafard où le couperet de la guillotine glisse et tue…

Étrange prévenu, celui que le juge d’instruction questionna durant des mois entre les murs de son cabinet ! Étrange personnage que cet homme osseux, à figure de squelette, aux yeux morts !

Il semblait absent de lui-même. Il n’était pas là, mais ailleurs. Et si peu soucieux de répondre !

— Je m’appelle Léon Massier.

Telle fut l’unique phrase dans laquelle il se renferma.

Et Lupin ripostait :

— Tu mens. Léon Massier, né à Périgueux, orphelin à l’âge de dix ans, est mort il y a sept ans. Tu as pris ses papiers. Mais tu oublies son acte de décès. Le voilà.

Et Lupin envoya au Parquet une copie de l’acte.

— Je suis Léon Massier, affirmait de nouveau le prévenu.

— Tu mens, répliquait Lupin, tu es Louis de Malreich, le dernier descendant d’un petit noble établi en Allemagne au XVIIIe siècle. Tu avais un frère, qui tour à tour s’est fait appeler Parbury, Ribeira et Altenheim : ce frère, tu l’as tué. Tu avais une sœur, Isilda de Malreich : cette sœur, tu l’as tuée.

— Je suis Léon Massier.

— Tu mens. Tu es Malreich. Voilà ton acte