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“813”
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Lupin haussa les épaules :

— Et cette nuit, il va venir te tirer par les pieds. Allons, je radote. Le mieux est de me coucher. 

Il rentra dans sa chambre et se mit au lit. Aussitôt, il s’assoupit, d’un lourd sommeil agité de cauchemars. Deux fois il se réveilla et voulut allumer les bougies, et deux fois il retomba, comme terrassé.

Il entendait sonner les heures cependant à l’horloge du village, ou plutôt il croyait les entendre, car il était plongé dans une sorte de torpeur où il lui semblait garder tout son esprit.

Et des songes le hantèrent, des songes d’angoisse et d’épouvante. Nettement, il perçut le bruit de sa fenêtre qui s’ouvrait. Nettement, à travers ses paupières closes, à travers l’ombre épaisse, il vit une forme qui avançait.

Et cette forme se pencha sur lui.

Il eut l’énergie incroyable de soulever ses paupières et de regarder, ou du moins il se l’imagina. Rêvait-il ? était-il éveillé ? Il se le demandait désespérément.

Un bruit encore…

On prenait la boîte d’allumettes, à côté de lui.

— Je vais donc y voir, se dit-il avec une grande joie. 

Une allumette craqua. La bougie fut allumée.

Des pieds à la tête. Lupin sentit la sueur qui coulait sur sa peau, en même temps que son cœur s’arrêtait de battre, suspendu d’effroi. L’homme était là.

Était-ce possible ? Non, non… Et pourtant, il voyait… Oh ! le terrifiant spectacle !… L’homme, le monstre, était là.