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Mais quand il exhiba la carte de Lupin, M. Lenormand tressaillit.

— Lupin ! s’écria-t-il.

— Oui, Lupin, le voilà revenu sur l’eau, cet animal-là.

— Tant mieux, tant mieux, fit M. Lenormand après un instant de réflexion.

— Évidemment, tant mieux, reprit Gourel, qui se plaisait à commenter les rares paroles d’un supérieur auquel il ne reprochait que d’être trop peu loquace, tant mieux, car vous allez enfin vous mesurer avec un adversaire digne de vous… Et Lupin trouvera son maître… Lupin n’existera plus… Lupin…

— Cherche, fit M. Lenormand, lui coupant la parole…

On eût dit l’ordre d’un chasseur à son chien. Et, de fait, ce fut à la manière d’un bon chien, vif, intelligent, fureteur, que chercha Gourel sous les yeux de son maître. Du bout de sa canne, M. Lenormand désignait tel coin, tel fauteuil, comme on désigne un buisson ou une touffe d’herbe avec une conscience minutieuse.

— Rien, conclut le brigadier.

— Rien pour toi, grogna M. Lenormand.

— C’est ce que je voulais dire… Je sais que, pour vous, il y a des choses qui parlent comme des personnes, de vrais témoins. N’empêche que voilà un crime bel et bien établi à l’actif du sieur Lupin.

— Le premier, observa M. Lenormand.

— Le premier, en effet… Mais c’était inévitable. On ne mène pas cette vie-là sans, un