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“813”
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Lupin, cette guerre barbare, cette guerre inouïe qu’elle soutint tour à tour contre M. Lenormand et contre le prince Sernine, la journée sur sa chaise longue, malade et défaillante, mais la nuit, debout, courant par les chemins, infatigable et terrifiante.

Et c’étaient les combinaisons infernales, Gertrude et Suzanne, complices épouvantées et domptées, l’une et l’autre lui servant d’émissaires, se déguisant comme elle peut-être, ainsi que le jour où le vieux Steinweg avait été enlevé par le baron Altenheim, en plein Palais de Justice.

Et c’était la série des crimes. C’était Gourel noyé. C’était Altenheim, son frère, poignardé. Oh ! la lutte implacable dans les souterrains de la villa des Glycines, le travail invisible du monstre dans l’obscurité, comme tout cela apparaissait clairement aujourd’hui !

Et c’était elle qui lui enlevait son masque de prince, elle qui le dénonçait, elle qui le jetait en prison, elle qui déjouait tous ses plans, dépensant des millions pour gagner la bataille.

Et puis les événements se précipitaient. Suzanne et Gertrude disparues, mortes sans doute ! Steinweg, assassiné ! Isilda, la sœur, assassinée !

— Oh ! l’ignominie, l’horreur ! balbutia Lupin, en un sursaut de répugnance et de haine.

Il l’exécrait, l’abominable créature. Il eût voulu l’écraser, la détruire. Et c’était une chose stupéfiante que ces deux êtres accrochés l’un à l’autre, gisant immobiles dans la pâleur de l’aube qui commençait à se mêler aux ombres de la nuit.