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“813”
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Par malheur, le destin est plus fort que moi. Je ne t’apporte ni la fortune, ni la puissance. Je ne t’apporte rien. Et c’est moi au contraire qui ai besoin de toi. Geneviève, peux-tu m’aider ? »

— À quoi ? fit la vieille femme anxieuse.

— À vivre…

— Oh ! dit-elle, tu en es là, mon pauvre petit…

— Oui, répondit-il simplement, sans douleur affectée oui, j’en suis là. Trois êtres viennent de mourir, que j’ai tués, que j’ai tués de mes mains. Le poids du souvenir est trop lourd. Je suis seul. Pour la première fois de mon existence, j’ai besoin de secours. J’ai le droit de demander ce secours à Geneviève. Et son devoir est de me l’accorder… Sinon…

— Sinon ?…

— Tout est fini.

La vieille femme se tut, pâle et frémissante. Elle retrouvait toute son affection pour celui qu’elle avait nourri de son lait, jadis, et qui restait, encore et malgré tout, « son petit ». Elle demanda :

— Qu’est-ce que tu feras d’elle ?

— Nous voyagerons… Avec toi, si tu veux nous suivre…

— Mais tu oublies… tu oublies…

— Quoi ?

— Ton passé…

— Elle l’oubliera aussi. Elle comprendra que je ne suis plus cela, et que je ne peux plus l’être.

— Alors, vraiment, ce que tu veux, c’est qu’elle partage ta vie, la vie de Lupin ?