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ne se rappelle, non seulement cette tragique affaire Kesselbach dont j’ai entrepris de débrouiller l’écheveau complexe, mais encore les moindres péripéties du drame qui nous passionna tous en ces dernières années. Et personne non plus qui ne se souvienne de l’extraordinaire émotion qu’elle souleva en France et hors de France.

Et cependant, plus encore que ce triple meurtre accompli dans des circonstances si mystérieuses, plus encore que l’atrocité détestable de cette boucherie, plus encore que tout, il est une chose qui bouleversa le public, ce fut la réapparition, on peut dire la résurrection d’Arsène Lupin.

Arsène Lupin ! Nul n’avait plus entendu parler de lui depuis quatre ans, depuis son incroyable, sa stupéfiante aventure de l’Aiguille Creuse[1], depuis le jour où, sous les yeux de Herlock Sholmès et d’Isidore Beautrelet, il s’était enfui dans les ténèbres, emportant sur son dos le cadavre de celle qu’il aimait, et suivi de sa vieille servante, Victoire.

Depuis ce jour-là, généralement, on le croyait mort. C’était la version de la police, qui, ne retrouvant aucune trace de son adversaire, l’enterrait purement et simplement.

D’aucuns, pourtant, le supposant sauvé, lui attribuaient l’existence paisible d’un bon bourgeois, qui cultive son jardin entre son épouse et ses enfants ; tandis que d’autres prétendaient que, courbé sous le poids du chagrin, et las

  1. L’Aiguille Creuse. Un volume à 3 fr. 50. Pierre Lafitte et Cie, éditeurs.