Page:Leblanc - 813, paru dans Le Journal, du 5 mars au 24 mai 1910.djvu/112

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— Pauvre gosse !… Va, je te revaudrai ça, et au centuple : Je paye toujours royalement.

Il descendit et retrouva le docteur en bas :

— C’est fini. À ton tour, monte et fais-lui une incision dans la joue droite, pareille à celle de Pierre Leduc. Il faut que les deux cicatrices soient identiques. Dans une heure je viens le rechercher.

— Où allez-vous ?

— Prendre l’air… J’ai le cœur qui chavire.

Dehors, il respira longuement, puis il alluma une autre cigarette.

— Bonne journée, murmura-t-il. Un peu chargée, un peu fatigante, mais féconde. Me voici l’ami de Dolorès Kesselbach. Me voici l’ami de Geneviève. Je me suis confectionné un nouveau Pierre Leduc fort présentable et entièrement à ma dévotion. Et, enfin, j’ai trouvé pour Geneviève un mari comme on n’en trouve pas à la douzaine. Maintenant ma tâche est finie. Je n’ai plus qu’à recueillir le fruit de mes efforts. À vous de travailler, monsieur Lenormand ; moi, je suis prêt.

Et il ajouta en songeant au malheureux mutilé qu’il avait ébloui de ses promesses :

— Seulement… il y a un seulement… j’ignore tout à fait ce qu’était ce Pierre Leduc dont j’ai octroyé généreusement la place à ce bon jeune homme et qui doit lui « transmettre un héritage dix fois séculaire de noblesse et d’orgueil ». Je l’ignore tout à fait. Et ça c’est embêtant… Car, enfin, rien ne me prouve que Pierre Leduc n’était pas le fils d’un charcutier !…


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Deuxième Partie


Chapitre Premier

M. Lenormand à l’ouvrage

I


Le 31 mai, au matin, tous les journaux rappelaient que Lupin, dans une lettre