Page:Leblanc - 813, paru dans Le Journal, du 5 mars au 24 mai 1910.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

IV


Ils se revirent.

Le soir même le prince Sernine invitait le baron Altenheim au Cabaret Vatel, et le faisait dîner avec un poète, un musicien, un financier, et deux jolies comédiennes, sociétaires du Théâtre-Français.

Le lendemain, ils déjeunèrent ensemble au Bois, et le soir ils se retrouvèrent à l’Opéra.

Et chaque jour, durant une semaine, ils se revirent.

On eût dit qu’ils ne pouvaient se passer l’un de l’autre et qu’une grande amitié les unissait, faite de confiance, d’estime et de sympathie.

Ils s’amusaient beaucoup, buvaient de bons vins, fumaient d’excellents cigares, et riaient comme des fous.

En réalité, ils s’épiaient férocement. Ennemis mortels, séparés par une haine sauvage, chacun d’eux sûr de vaincre et le voulant avec une volonté sans frein, ils attendaient la minute propice, Altenheim pour supprimer Sernine, et Sernine pour précipiter Altenheim dans le gouffre qu’il creusait devant lui.

Tous deux savaient que le dénouement