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directeur de la Santé, grâce à la protection d’un personnage influent au ministère et à la préfecture de police. Ce petit employé s’appelait Borély. Le personnage influent s’appelait M. Lenormand, c’est-à-dire Lupin.

Le directeur sembla surpris de cette révélation et prononça :

— Je garde à M. Lenormand une reconnaissance…

— Que vous refusez à Lupin, je comprends ça. Mais Lupin, lui, n’oublie pas les services qu’il a rendus, et c’est pourquoi je vous dis ceci : « Monsieur le directeur, prenez toutes les précautions, ne négligez rien, pour que plus tard on n’ait rien à vous reprocher. D’autre part, je m’arrangerai de telle manière que, quelles que soient les ennuis que vous aurez à supporter du fait de cette évasion, votre carrière, du moins, n’en souffre pas. Voilà ce que j’avais à vous dire, monsieur le directeur. Vous pouvez vous retirer.

Et tandis que M. Borély s’en allait, profondément troublé par ce singulier pensionnaire, et, fort inquiet sur les événements qui se préparaient, le détenu se jetait sur son lit, en murmurant :

— Eh bien, mon vieux Lupin, tu en as du culot ! On dirait, en vérité, que tu sais déjà comment tu sortiras d’ici !


II


La prison de la Sûreté est bâtie d’après le système du rayonnement. Au centre de la partie principale, il y a un rond—pont d’où convergent tous les couloirs, de telle façon qu’un détenu ne peut sortir de sa cellule sans être aperçu aussitôt par les surveillants postés dans la cabine vitrée qui occupe le milieu de ce rond-point.