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— Son nom ? Léon Massier.

Lupin balbutia tout ému :

— Léon Massier… L. M… Les deux lettres… C’est Louis de Malreich.


Chapitre II

L’Homme noir


I


Louis de Malreich ! Était-il possible que ce fût réellement lui ? Lupin avait fini par le considérer comme un être tellement fantastique qu’il était déconcerté de le voir sous une forme vivante, allant, venant, agissant ainsi que le premier venu.

Il dit au cabaretier :

— Que fait-il, ce monsieur ?

— Ma foi, je ne saurais trop dire. C’est un drôle de pistolet… Il est toujours tout seul… Il ne parle jamais à personne… Ici nous ne connaissons même pas le son de sa voix… Du doigt il désigne sur le menu les plats qu’il veut… En vingt minutes, c’est expédié… Il paye… s’en va… c’est tout.

— Et il revient ?

— Tous les deux ou trois jours.

— À bicyclette ?

— Quelquefois, ce n’est pas régulier.

Lupin entraîna Doudeville. Il était très agité, serrait le bras de son compagnon, au point que celui-ci se retenait pour ne pas crier.

— Il n’y a pas de doute… C’est lui… et l’on va se colleter… Jamais je n’ai ressenti un pareil trouble. Si je n’étais Arsène Lupin, je croirais que c’est de la peur…

— Il y a un peu de cela, patron.

— Oui… Et pourquoi pas ? La peur, c’est un sentiment honorable… quand on s’appelle Arsène Lupin.

Par précaution, ils s’en revinrent le lendemain, méconnaissables sous leur déguisement d’ouvriers, et ils déjeunèrent au restaurant Buffalo. Léon Massier ne parut pas.