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GENTLEMAN-CAMBRIOLEUR


— Laissez-moi passer.

— Non, non, non, vous ne passerez pas.

Varin recula, intimidé par l’attitude résolue du banquier, et il mâchonna :

— Alors, vite, causons, et que ce soit fini !

Une chose m’étonnait, et je ne doutais pas que mes deux compagnons n’éprouvassent la même déception. Comment se pouvait-il que Salvator ne fût pas là ? N’entrait-il pas dans ses projets d’intervenir ? et la seule confrontation du banquier et de Varin lui semblait-elle suffisante ? J’étais singulièrement troublé. Du fait de son absence, ce duel, combiné par lui, voulu par lui, prenait l’allure tragique des événements que suscite et commande l’ordre rigoureux du destin, et la force qui heurtait l’un à l’autre ces deux hommes impressionnait d’autant plus qu’elle résidait en dehors d’eux.

Après un moment, M. Andermatt s’approcha de Varin et, bien en face, les yeux dans les yeux :

— Maintenant que des années se sont écoulées, et que vous n’avez plus rien à redouter, répondez-moi franchement, Varin. Qu’avez-vous fait de Louis Lacombe ?

— En voilà une question ! Comme si je pouvais savoir ce qu’il est devenu !

— Vous le savez ! Vous le savez ! Votre frère et vous, vous étiez attachés à ses pas, vous