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ARSÈNE LUPIN

prétendent, ou d’une autre source, j’affirme qu’elle existe. Et puisqu’elle existe, elle est à moi.

— Bigre, cent millions !

— Mettons-en dix, ou même cinq, n’importe ! il y a de gros paquets de titres dans le coffre-fort. C’est bien le diable si, un jour ou l’autre, je ne mets pas la main sur la clef.

Le tramway s’arrêta place de l’Étoile. L’homme murmura :

— Ainsi, pour le moment ?

— Pour le moment, rien à faire. Je t’avertirai. Nous avons le temps.

Cinq minutes après, Arsène Lupin montait le somptueux escalier de l’hôtel Imbert, et Ludovic le présentait à sa femme. Gervaise était une bonne petite dame, toute ronde, très bavarde. Elle fit à Lupin le meilleur accueil.

— J’ai voulu que nous soyons seuls à fêter notre sauveur, dit-elle.

Et dès l’abord on traita « notre sauveur » comme un ami d’ancienne date. Au dessert l’intimité était complète, et les confidences allèrent bon train. Arsène raconta sa vie, la vie de son père, intègre magistrat, les tristesses de son enfance, les difficultés du présent. Gervaise, à son tour, dit sa jeunesse, son mariage, les bontés du vieux Brawford, les cent millions dont elle avait hérité, les obstacles qui retardaient l’entrée