Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/56

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— Très amusant, le campement imprévu ! s’exclama-t-elle. Après tout, je n’ai rien à me reprocher. Je suis prisonnière et j’ai cinq geôliers… Allons, maintenant, allez-vous en tous ! Je tombe de fatigue et je vais me coucher.

— Hélas ! gémit Valnais, c’est impossible, il n’y a pas de draps…

— Alors, je me contenterai de m’étendre sur le lit. Tenez, allumez-moi une des bougies de la cheminée et laissez-moi du bois.

Mme Destol embrassa sa fille, puis, avec les quatre hommes, sortit, Valnais brandissant toujours son bougeoir.

— Qu’est-ce qu’on va faire ? dit-il, les autres pièces sont inhabitables.

— Il ne s’agit pas d’autres pièces, déclara Mme Destol. Je reste ici, dans le couloir, devant la porte. Je connais Nelly-Rose, elle serait capable de nous fausser compagnie. Amenez ici votre poêle à pétrole, une table, des chaises, un fauteuil. Je dormirai dans le fauteuil, et vous…

— Nous jouerons au bridge, dit Valnais. J’ai des cartes.

Un quart d’heure après, autour de la table, les quatre hommes, toujours en pardessus, le col relevé et le chapeau sur la tête, jouaient au bridge avec de vieilles cartes humides, à la lueur débile d’une antique lampe retrouvée par Valnais.

Mme Destol, enveloppée d’une couverture, s’endormit dans son fauteuil, tout contre le poêle à pétrole qui répandait plus d’odeur que de chaleur.


Seule dans sa chambre, assise devant le feu flambant, Nelly-Rose, un