Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/92

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Ils attendirent silencieux… Cinq heures sonnèrent… six heures… C’était le grand jour depuis longtemps. Mme Destol ni Valnais n’osaient plus se regarder. Leur certitude mutuelle était totale, et atroce. Sept heures… Un bruit de clef dans la porte d’entrée…

— C’est elle ! cria Mme Destol en se dressant de son fauteuil.

Oui, c’était Nelly-Rose. Pâle, marchant d’un pas automatique, elle entra dans le boudoir.

Mme Destol s’était précipitée au-devant de sa fille. Elle voulait la questionner, mais comme elle l’avait dit à Valnais, ne voulait rien lui révéler… Emportée par son émoi, elle ne trouva que ces mots :

— C’est un assassin !

— Qui ? Qu’est-ce que tu dis ? interrogea Nelly-Rose d’une voix sourde.

— Lui ! L’homme qui est venu, qui t’a emmenée, avec qui tu as passé la nuit, ce Gérard ! C’est un assassin ! Un voleur ! Il a tué Baratof pour le voler !

— Mais, puisque c’est lui, Baratof ! balbutia Nelly-Rose.

— Non ! Il a pris le nom de Baratof et il a tué le vrai Baratof ! Il l’a égorgé au Nouveau-Palace. Il l’a égorgé avant de venir ici, à minuit… J’ai vu le cadavre… C’est un assassin !… La police le traque…

Il y eut un long silence, silence d’épouvante, silence d’horreur.

Nelly-Rose, tremblante, restait muette…

Puis, avec l’inhumaine raideur des mouvements d’un automate, elle prit par le bras sa mère et, toujours sans un mot, la conduisit hors de son boudoir jusqu’à la porte du corridor. Elle fit de même à l’égard de