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la fortune de m. fouque

La partie de piquet fut suspendue. Boulard, le pharmacien psychologue, quitta sa chaise et s’installa près de M. Fouque. Les autres le regardaient avec cette prière des yeux qui implore la suite d’un récit.

Fier de la curiosité qu’il inspirait, il voulut encore l’accroître en différant ses explications. Il s’éloigna et arpenta la pièce, les mains derrière le dos, la tête baissée, les paupières mi-closes, comme pour s’isoler et n’adopter une détermination qu’après en avoir mûrement pesé les bons et les mauvais côtés. Parfois il s’arrêtait court, frappé sans doute par une idée gênante, fixait le plancher et repartait d’un pas plus rapide.

Enfin il s’approcha de ses collègues, se tint debout contre la fenêtre, dans l’attitude qui convient aux moments décisifs, toussa et posément déclara :

— Messieurs, avant tout, j’exige de vous le secret le plus absolu sur ce que je vais vous communiquer.

— Parfaitement, nous ne dirons rien, allez donc.

— Non, non, je désire un vrai serment, car