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la fortune de m. fouque

prégnées de pensées profondes, et les sourcils froncés marquaient l’effort de la méditation,

M. Fouque hasarda :

— Eh bien, Boulard, vous qui possédez si bien l’âme humaine, qu’est-ce que vous en dites ?

Boulard, interpellé, vida son verre, saisit son front et jeta de la lumière sur la discussion :

— En principe, la lettre anonyme est une infamie. Un homme qui se respecte la détruit sans la lire. Mais, dans la pratique, il y a deux cas : ou bien son contenu est faux et l’affaire est classée, ou bien il est véridique, et il faut agir. Êtes-vous de mon avis, messieurs ?

Une approbation courut parmi les assistants.

— Or, ajouta le pharmacien, pour savoir à quoi s’en tenir, le mieux est de lire la lettre et de se livrer à une enquête sur les faits qu’elle avance. C’est généralement la marche en pareille matière.

— Très bien raisonné, s’écria M. Fouque, et vous concluez ?

— Je conclus sans conclure. Je citerai simplement le vieux dicton : « Il n’y a pas de fumée sans feu. »