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la fortune de m. fouque

blia de déplorer le mauvais état du chemin, et même ne répondit pas au salut d’un paysan.

À quelques mètres de la porte, il prépara son trousseau de clefs, puis il se redressa, prit une contenance décidée, une figure énergique et froide et, l’aspect implacable d’un justicier, il entra.

Le vestibule était large et obscur. Au fond se trouvait la salle à manger, à droite un salon, et à gauche une lingerie.

M. Fouque déposait sa canne et son chapeau, lorsque Mme Fouque se précipita vers lui et lui présent ? son front. Il la repoussa doucement, mais fermement, et lui dit d’une voix sèche :

— Le dîner est prêt ?

Elle répliqua : — Oui, mon ami.

En effet, le potage fumait déjà sur la table. Ils s’assirent l’un en face de l’autre.

Par les fenêtres pénétrait une gaîté tranquille. Le fleuve coulait paresseusement et s’attardait à clapoter dans les roseaux. À sa surface des frissons soulevaient des vagues limpides, où clignotaient des paillettes d’or. Au loin le soleil couchant incendiait l’horizon, ourlait de sang