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la fortune de m. fouque

— Non, mais, voyons, père Ruffaut, le suis-je ou le suis-je pas ?

Et le père Ruffaut jurait :

— Tu l’es bien, crénom, tu l’es comme feu cocu !

Il s’esclaffait, le bonhomme, incapable de marcher, tellement ses jambes défaillaient sous lui :

— Non… est-i rigolo, çu cocu-là !… cocu d’cocu, va… fils ed’cocu… père ed’cocu !

L’approche de sa maison rendit à M. Fouque une partie de son sang-froid. Il dit adieu au paysan, puis tourna sans bruit la clef dans la serrure, et, pour monter l’escalier, ôta ses bottines, de peur de réveiller Julie.

Mais soudain, devant la porte de sa femme, un désir l’assaillit. Elle était là, couchée. S’il entrait ?… Et il se l’imagina, l’accueillant, les bras ouverts. Brusquement il empoigna le bouton de la porte. Par malheur, sa femme avait poussé le verrou.

Il n’osa pas la réveiller, et, gagnant sa nouvelle chambre, il se déshabilla. Après tout, pensa-t-il, ça vaut mieux. Et son désir éteint, il revit en une apothéose un peu brouillée son triomphe au