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la fortune de m. fouque

Afin qu’on fût témoin de leur bon accord, c’était la seule promenade qu’il autorisât à sa femme, et elle se conformait à sa volonté sans murmurer.

Au fond, il éprouvait de l’orgueil à la montrer auprès de lui. Il exhibait en elle la preuve de sa magnanimité. Il s’admirait dans l’objet de sa clémence.

Et puis un raisonnement s’effectuait en son esprit. Pour que Julie l’eût trahi, il fallait qu’un autre eût été séduit par sa beauté, par sa distinction, par ses formes. Cette vérité indéniable chatouilla son amour-propre et augmenta le charme qu’il trouvait à Mme Fouque. Le visage de sa femme lui parut plus expressif, ce corps que d’autres bras avaient enlacé, il l’en désira davantage. Son estime pour elle s’accrut de la passion qu’elle avait inspirée.

Certes, pensait-il, il y a bien des épouses qui demeurent fidèles à leurs maris, mais à celles-là il manque ce ne je sais quoi qui attire les hommes. Celles vers qui vont les hommages ont la grâce, l’élégance, la majesté, l’harmonie dans les proportions, toutes qualités que Julie réunissait au plus haut point.