Paul sentait les gouttes de sueur qui coulaient de son crâne sur son front et sur sa nuque. Il ne s’était pas trompé : Élisabeth avait été fusillée par ordre de ce personnage innommable et inconcevable, dont la figure évoquait à s’y méprendre la figure même d’Hermine d’Andeville, la mère d’Élisabeth !
Il continua, d’une voix tremblante :
— Ainsi, trois Français fusillés, vous êtes bien sûr ?
— Oui, les habitants du château. Ils avaient trahi.
— Un homme et deux femmes, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Pourtant il n’y a que deux cadavres attachés au pavillon ?
— Oui, deux. Sur l’ordre du prince Conrad, le major a fait enterrer la dame du château.
— Où ?
— Le major ne me l’a pas dit.
— Mais peut-être savez-vous pourquoi on l’a fusillée ?
— Elle avait surpris, paraît-il, des secrets fort importants.
— On aurait pu l’emmener prisonnière ?…
— Évidemment, mais le prince Conrad ne voulait plus d’elle.
— Hein !
Paul avait sursauté. L’officier reprit, avec un sourire équivoque :
— Dame ! On connaît le prince. C’est le don Juan de la famille. Depuis des semaines qu’il habitait le château, il avait eu le temps, n’est-ce pas, de plaire… et puis… et puis de se lasser… D’ailleurs le major prétend que cette femme et que les deux domestiques avaient